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« Vraiment ? Eh bien, j’en, suis heureux, alors. Cela n’eût pas paru aussi naturel à d’autres jeunes gens dans votre position, bien le bonjour,… bien le bonjour. Venez me voir, vous me ferez plaisir. »

De nouveau la fine main gantée serra la main de George et il demeura seul sur le trottoir, écoutant le coup sec de la canne s’éloigner rapidement. Il resta un moment à la même place, puis continua à descendre l’Avenue.

Il était plus que contrarié, il était sincèrement affligé. S’il avait pu deviner quel était le résultat pratique de ses visites, il serait assurément revenu sur ses pas pour rattraper Tom Craik et lui expliquer avec une brutale franchise que c’était en ennemi mortel qu’il s’était présenté chez lui. Mais, comme il ne pouvait imaginer ce qui s’était passé, toute explication lui paraissait une brutalité parfaitement gratuite, il était peu probable qu’il rencontrât souvent le vieillard, il n'y aurait donc plus d’occasions d’un nouvel échange de politesses. Il souffrait d’autant plus dans son orgueil qu’il lui faudrait dorénavant accepter l’honneur d’avoir semblé généreux.

« Je viens de recevoir la récompense de mes iniquités, dit-il en entrant chez les Fearing, et en regardant le visage délicat de Constance.

— Que vous est-il arrivé ? demanda celle-ci en levant les yeux avec un intérêt évident.

— Vous rappelez-vous la première fois que je suis venu ici,… la seconde fois, veux-je dire,… quand Tom Craik était si mal, et que j’espérais qu’il allait mourir ? Vous rappelez-vous que je vous ai dit que j’allais mettre une carte et prendre de ses nouvelles, et que vous m’avez conseillé de n’en rien faire. J’y suis allé,… j’y suis même allé plusieurs fois.