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— Il le fera peut-être. C’est le conseil que je lui donne toujours. En tout cas, c’est un gentleman, qu’il aime ou non à aller dans le monde. Son père était de la Nouvelle-Angleterre, je crois… et j’ai entendu notre pauvre papa en dire beaucoup de bien… Sa mère était une Winton, cousine de Mme Trimm. Il n’y a rien de mieux, je pense ?

— Oui, cette odieuse Totty ! s’écria Grâce d’un ton de mépris exagéré. C’est elle qui l’a amené ici dans l’espoir que l’une de nous s’amouracherait de son parent pauvre et l’aiderait à sortir de la misère. Oh ! cette femme ! c’est la plus sotte et la plus insipide créature que je connaisse !

— D’accord. Je ne suis pas folie d’elle. Mais tu es injuste envers M.  Wood. Il a beaucoup de talent et travaille énormément.

— À quoi ?… à ces misérables petits articles ? J’en écrirais une douzaine à l’heure.

— Pas moi, car il faut commencer par lire les livres.

— Allons,… mets deux heures si tu veux, mais pas plus. Quel fatras, ma chère. Tu es éblouie par sa conversation, voilà tout. Il cause assez bien, quand il veut. Je l’admets.

— Enfin ! je suis charmée que tu veuilles bien lui accorder quelque chose, dit Constance. Quant à l’épouser, c’est une autre affaire. Je n’en ai pas la plus légère idée… Mais je t’avouerai en toute franchise que j’ai déjà pensé qu’il pourrait bien désirer ce mariage.

— Et pourtant tu le laisses venir ?

— Oui, je n’ai aucune raison pour lui dire de ne pas venir ici, et je l’estime trop pour vouloir le désobliger par une froideur ou une impolitesse calculées en vue de le congédier. Si jamais il parle, il sera temps de lui dire ce que je pense. S’il ne