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conque il lui venait à l’esprit de s’informer, il y aurait là certes un bel exemple de bons sentiments et de désintéressement, Mais il ne le ferait jamais. Pourquoi alors lui donner l’argent plutôt qu’à Totty ?

Cette idée s’était emparée de l’actif cerveau du vieillard et ne pouvait plus en sortir. Sans être religieux, Thomas Craik était à ce moment loin d’être athée, et à mesure qu’il réfléchissait à cette restitution, il lui semblait qu’il mourait plus tranquille si elle pouvait être faite à George Wood ; peut-être alors lui serait-il réservé un meilleur sort dans l’autre monde ? Totty, elle, avait participé aux bénéfices et n’avait rien de plus à réclamer. Il avait dirigé les affaires de sa sœur et l’avait enrichie en s’enrichissant lui-même avec ce qui avait appartenu à Jonah Wood et à un grand nombre d’autres personnes. Dans tous les cas, s’il laissait tout à George, personne ne pourrait l’accuser plus tard de n’avoir pas tout fait pour réparer le mal qu’il avait causé.

Ce fut pendant que Tom Craik était au milieu de ces réflexions que George se présenta à sa porte.

Alors le vieillard n’hésita plus, et il agit sans perdre de temps, ainsi qu’il avait toujours agi dans les affaires.

Il est probable que si George avait deviné l’importance de l’acte qu’il accomplissait en venant s’informer de l’état de son parent, il fût rentré chez lui directement et se fût mis à réfléchir sur la marche à suivre. Mais, quoiqu’il pût parfois affecter un ton cyniquement pratique en parlant des affaires des autres, il eût été incapable de chercher à tirer un profit quelconque de ce qu’il aurait considéré comme une hypocrisie.