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la sincérité de Totty une fois entré dans son esprit, il avait concentré sur elle toute son attention, l’étudiant et s’appliquant à se rendre compte de ses plus minimes actions et de ses paroles les plus insignifiantes. En moins de vingt-quatre heures, le soupçon était devenu une conviction et Craik était certain que Totty exagérait ses démonstrations affectueuses pour mieux dissimuler la joie qu’elle éprouvait à la perspective de la mort de son frère.

Mais entre la conviction que Totty ne tenait qu’à son argent et la résolution de la priver de cet argent, il y avait une longue distance à franchir pour l’esprit du vieillard. Il était assez juste pour admettre que dans une position semblable il eût pensé comme elle, bien qu’il eût joué son rôle plus adroitement. Et après tout, Totty était sa sœur, sa plus proche parente, la seule avec laquelle il ne se fût jamais querellé. Et puis, si ce jeune George Wood, qu’il n’avait pas vu depuis qu’il était enfant, se trouvait à la place de Totty, que penserait-il et que ferait-il ? Il souhaiterait sans doute que Tom Craik mourût promptement et ses yeux s’animeraient assurément à la pensée d’entrer dans la somptueuse maison un mois après les funérailles. Ce n’était là que la nature humaine — la nature humaine toute simple, sans ornement, celle de tous les jours. Mais ce jeune homme ne supposait pas qu’il eût la moindre chance de rien avoir et n’aurait même pas eu l’idée qu’il valût la peine de sonner à la porte pour demander des nouvelles de son parent mourant. Et pourtant, pensait le morose vieillard, si George Wood pouvait deviner combien il est près de devenir millionnaire, avec quel empressement il viendrait tirer la sonnette. Vraiment, si par un hasard quel-