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un regard sur le patient, un des médecins vit l’expression habituelle d’interrogation sur son visage et sortit vivement de la chambre. Quand il revint il tenait à la main une carte, qu’il porta au malade en lui disant à voix basse :

« M. George Winton Wood vient de venir prendre de vos nouvelles. »

Les yeux enfoncés de Tom Craik s’ouvrirent soudain et se fixèrent sur le visage du docteur.

« Il n’a rien dit ? demanda-t-il d’une voix très faible.

— Il a dit qu’il venait seulement d’apprendre votre maladie, qu’il en était bien fâché… et qu’il reviendrait. »

Une étrange expression de satisfaction se peignit sur la face décolorée du vieillard et un soupir étouffé s’échappa de ses lèvres lorsqu’il referma les yeux.

« Voudriez-vous le voir ? » demanda le médecin.

Le malade secoua la tête sans soulever les paupières et la chambre redevint silencieuse. L’autre médecin partit peu après et celui qui restait s’installa dans un fauteuil d’où il pouvait voir le lit et la porte. Pendant une demi-heure on n’entendit que le ronflement étouffé du feu de bois. Enfin le vieillard s’agita.

« Docteur… venez ici, dit-il d’une voix faible et rauque.

— Qu’y a-t-il, monsieur Craik ?

— Envoyez chercher Trimm tout de suite.

Mme Trimm, vous voulez dire ?

— Non… Sherry Trimm en personne… faire mon testament… Voyons… vite. »

Le médecin regarda un instant son malade avec une extrême surprise, croyant avoir raison de supposer que le testament de Thomas Craik devait