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tueux. Les hauts lambris en bois rares avaient été sculptés d’après les dessins d’un grand artiste français. Les murailles étaient tendues de cuir de Cordoue incomparable, provenant d’un palais italien. Le plafond était dû au pinceau d’un célèbre peintre espagnol. La cheminée était enrichie de vieux cuivres du Caire et de faïences exquises provenant d’une mosquée turque. Des tapis orientaux inestimables, dont le plus neuf avait un siècle, couvraient le parquet en marqueterie de bois. Diane de Poitiers avait dormi sous le baldaquin de ce lit princier ; on disait que Louis XIV avait mangé sur le guéridon, et que Benvenuto Cellini avait ciselé la sonnette d’argent qui était à portée de la main du malade. La grande valeur de chacun de tant d’objets disparates sauvait de la vulgarité l’effet de cet entassement et prêtait à l’ensemble quelque chose de la bizarre harmonie particulière à certaines collections.

De l’avis des deux docteurs, Thomas Craik était mourant. Ils avaient fait tout ce qui était possible pour le sauver, maintenant ils attendaient la fin. Ils avaient prévenu Mme Trimm qu’une issue fatale était à redouter à tout instant, et Totty, après avoir passé toute la journée à la maison, se proposait de revenir le soir.

De temps en temps on passait prendre des nouvelles, et chaque fois que le débile vieillard entendait le retentissement lointain de la sonnerie il s’informait de la personne qui était venue. À chaque réponse, il agitait tristement la tête.

Les docteurs étaient en train de se consulter à vois basse pour savoir lequel des deux passerait cette nuit-là, lorsque le tintement de la sonnette se fit entendre. Immédiatement Tom Craik se ranima et parut écouter attentivement. En jetant