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— C’est très bien, monsieur Wood, ajouta Constance. Je n’ai plus rien à dire.

— Alors je n’ai plus qu’à prendre humblement congé, dit George en se levant.

— Mais vous ne me comprenez pas ! s’écria la jeune fille en souriant. N’allez pas croire…

— Il se fait tard et M. Craik peut avoir rejoint ses ancêtres avant que je sois allé sonner à sa porte pour demander de ses nouvelles.

— Oh ! ! je vous en prie, ne parlez plus de ce pauvre homme !

— Et j’en parlerais forcément en restant ici. Puis-je revenir un de ces jours, mademoiselle, si vous ne m’en voulez pas trop ?

— Votre originalité vous fait presque pardonner. Venez toutes les fois qu’il vous plaira. Nous serons toujours charmées de vous voir et j’espère que, la prochaine fois, ma sœur sera là. »

George espérait vaguement qu’elle n’y serait pas. Après avoir salué, il quitta le salon. Il était beaucoup plus satisfait de cette visite que Constance, car tandis que la conversation du jeune homme avait un peu troublé le délicat sentiment des convenances de celle-ci, la sienne avait procuré à George des sensations délicieuses. Le courant de ses pensées avait changé, il éprouvait un intérêt nouveau et surtout une bizarre et inexplicable sensation de bien-être physique qui semblait venir de la région du cœur, comme si son corps eût été ranimé, son sang réchauffé, et sa circulation stimulée par l’assimilation de bonnes et douces choses.

Pendant qu’il remontait l’Avenue, il ne se demanda pas quelle était l’impression qu’il avait pu produire sur Mlle Fearing ; ce qu’il éprouvait lui suffisait, et il fut surpris de découvrir qu’une sen-