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ne put exactement comprendre l’effet troublant d’une interruption sur un cerveau organisé d’une façon bien autrement impressionnable que le sien. À présent, cependant, l’affaire était sérieuse et il fallait que George fût interrompu coûte que coûte. Celui-ci ne s’apercevait évidemment pas de la présence de son père. Jonah Wood résolut d’être prudent.

« George ! » murmura-t-il très bas.

Mais George n’entendit pas.

Il n’y avait plus qu’à aller le réveiller. Le vieillard s’avança aussi doucement qu’il put sur le parquet sans tapis et se plaça devant le jour. George leva alors la tête et tressaillit violemment ; sa plume sauta en l’air et vint retomber sur la table. En même temps, il poussa un petit cri aigu, semblable à celui que pourrait faire entendre un homme blessé cruellement dans une bataille. Puis il aperçut son père et partit d’un éclat de rire.

« Ah ! tu m’as fait peur. Je ne t’avais pas vu entrer dit-il vivement.

— Je le regrette, dit son père qui ne comprenait pas qu’un homme habituellement calme et courageux pût être si facilement épouvanté. C’est assez important, sans cela je ne t’aurais pas dérangé. M. Sherrington Trimm est en bas.

— Que veut-il ? demanda George d’un air distrait, comme s’il avait oublié ce nom.

— Il te demande, mon cher enfant. Il faut que tu descendes tout de suite. C’est très important. On a enterré Thomas Craik hier.

— Enterré !… s’écria George.

— J’ai appris qu’il était mort il y a plusieurs jours, à la suite de l’accès de colère qu’il a eu. Tu te souviens. Mais qu’as-tu, George ?