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les détails, depuis le jour où Totty lui avait dit d’aller voir Mamie, jusqu’à sa toute récente entrevue avec Sherrington Trimm.

« J’en suis fâché pour toi, George, dit Jonah Wood, j’en suis très fâché pour toi.

— Je crois, au bout du compte, que c’est plus que je n’en puis dire moi-même, répondit George. J’en suis beaucoup plus fâché pour Mamie et pour son père. Pour moi, c’est un soulagement. Je ne l’aurais pas pensé ce matin.

— Tu n’étais donc pas amoureux ? — Non. J’ai tout autant d’affection pour elle qu’avant. Il n’est rien que je ne sois disposé à faire pour elle. Mais je ne désire pas l’épouser et je ne l’ai jamais désiré ; je m’en aperçois à présent.

— Quand tu seras plus vieux, tu agiras moins à la légère, observa le vieillard d’un ton sévère. Quant à M. Craik, je doute que maintenant il te laisse sa fortune. »

George monta s’enfermer dans la petite chambre qui avait vu toutes ses luttes et tous ses désappointements. Il s’assit dans son vieux fauteuil usé et alluma une petite pipe : puis il tomba dans une profonde rêverie, au cours de laquelle il repassa l’histoire des trois dernières années.

La seule source de bonheur qu’il pût concevoir était l’amour, et cela le ramena à ses souvenirs affectueux et reconnaissants pour Constance Fearing. Puis, après, il songea à sa cousine, et ses souvenirs devinrent plus troublants. Il avait étudié celle-ci avec une attention infatigable qui prouvait combien il l’avait peu aimée et combien elle l’avait intéressé. Pendant plus de quatre mois, il avait vécu luxueusement chez, Mme Trimm, il