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II posa doucement ses deux mains maigres sur le cabinet et se mit à l’ouvrir aussi silencieusement que possible.

Cette fois les fines oreilles de Mamie ne furent pas trompées. Elle se pencha en avant et dit tout bas à George :

« Il y a là quelqu’un. Va sur la pointe du pied regarder de derrière la portière. Ne te laisse pas voir, car nous serions obligés d’entrer par politesse. »

George obéit en silence, resta un moment à regarder dans le salon, caché par les tentures, puis revint près de Mamie.

« C’est ton oncle Tom, lui dit-il tout bas en souriant. Il doit faire quelque méchanceté, j’en suis sur, car il ouvre ce petit cabinet indien comme s’il désirait ne pas être entendu.

— Je le dirai à maman quand elle rentrera… Comme ce sera drôle, répondit Mamie. Il doit nous avoir entendus, aussi il faut que nous continuions à parler… de la pluie et du beau temps. »

Puis, élevant la voix, elle se mit à exposer leurs projets d’avenir.

Pendant ce temps, M.  Craik avait ouvert le tiroir. Il n’y avait dedans que l’acte renfermé par Totty. Il le prit vivement et referma le cabinet. Quelque chose dans l’aspect du papier attira son attention et au lieu de le mettre dans sa poche pour le lire chez lui à loisir, comme il en avait d’abord l’intention, il le déplia et jeta un coup d’œil sur le contenu.

Il avait toujours su contenir sa colère, à moins qu’il n’y eut un avantage à la manifester, mais pour l’instant sa fureur était beaucoup trop motivée pour pouvoir la dissimuler. Ses veines se gonflèrent comme des cordes sous son front, sa