Tout le monde travaille aujourd’hui. Vous n’avez pas l’air cependant d’un oisif. Vous avez probablement voulu dire que vous étudiez encore pour entrer dans une carrière !
— Pas précisément. Mes études peuvent, je crois être considérées comme terminées. Quelquefois j’écris un peu.
— Est-ce là tout ? Ne publiez-vous jamais rien ?
— Oh ! si, une infinité de choses.
— Vraiment ? Je crains de ne pouvoir me rappeler avoir vu…
— Mon nom imprimé ? Non. Il n’existe qu’un unique exemplaire de mes œuvres et il est en ma possession. Les pages ont une apparence assez irrégulière et sentent la colle. Vous ne comprenez pas ? Mes précieux travaux paraissent de temps à autre dans un journal. Je les découpe quand je ne suis pas trop paresseux et je les conserve dans un album.
— Alors vous êtes journaliste ?
— Non pas ; au point de vue du journaliste, je ne suis qu’un collaborateur.
— Je ne comprends pas. Si vous pouvez être ce que vous appelez un collaborateur, pourquoi ne pas être journaliste. Quelle est la différence ?
— L’un est professionnel, l’autre amateur. Je suis l’autre.
— Pourquoi ne pas être professionnel, alors ?
— Parce que je n’aime pas la profession.
— Qu’aimeriez-vous être ? Vous devez certainement avoir une ambition.
— Aucune, je vous l’assure. »
Il y avait dans les yeux de George une singulière expression qui n’était pas tout à fait d’accord avec sa réponse.
« Je préférerais vivre de la vie d’un étudiant