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— Tu es bien sûre de toi, dis ? »

M. Trimm la regardait bien en face.

« Et depuis quand cela a-t-il commencé ? ajouta-t-il.

— Toute ma vie… quoique… Mon Dieu ! comment t’expliquer, papa ? Tu devrais comprendre. On découvre ces choses-là tout à coup et pourtant on sait que cela a toujours existé.

— Bien, dit Sherry. Mais tu ne savais pas que « cela, » comme tu dis, existait quand je suis parti.

— Oh si ! je le savais.

— Le savais-tu il y a un an ?

— Non, peut-être pas. Oh ! papa, tes questions m’embarrassent bien. »

Mamie se mit à rire gaiement.

« Il faut bien que je me mette au courant. Et tu n’as pas de doutes sur lui, dis ?

— Comment pourrait-on douter de lui ! s’écria Mamie avec indignation.

— Je suis le doute en personne, dit Sherry avec un clignement d’œil, je ne l’ai jamais mieux compris qu’aujourd’hui.

— Alors, va-t’en, papa ! repartit la jeune fille en riant.

— Pour laisser ma place à George ? C’est là ce que tu veux dire, n’est-ce pas ? En somme, peut-être n’ai-je rien de mieux à faire. »

« Je vais aller voir maintenant s’il a des doutes, lui, pensa-t-il, en finissant mon cigare. »

Là-dessus, Sherrington Trimm tourna vivement sur ses talons et s’en alla à la recherche de George. Il le trouva debout sous la véranda, examinant attentivement une traînée de fourmis occupées à établir une communication entre l’allée du jardin et un petit morceau de gâteau tombé sur la marche du perron.