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— Oui, certes. »

Cette fois Grâce rit de bon cœur.

« Eh bien, à présent que nous avons mis de côté les chevaux, les yachts et les modes, d’un consentement mutuel, allons-nous parler de choses moins importantes ?

— Certainement. Par où commencerons-nous ?

— Par ce que vous préférez. Qu’aimez-vous le plus au monde ?

— Ma sœur, répondit vivement Grâce.

— Cela répond à la question : Qu’aimez-vous le mieux au monde ?…

— Parfaitement ; et vous, monsieur Wood, qu’aimez-vous le mieux ?

— Moi-même, naturellement. C’est ce que nous aimons tous le plus, excepté ceux qui ont des sœurs comme vous.

— Vous êtes donc égoïste ?

— Pas par intention. La faute en remonte à la destinée qui a négligé de me donner une sœur.

— N’avez-vous pas de proches parents ? demanda Grâce.

— J’ai mon père.

— Et vous ne l’aimez pas plus que vous-même ?

— C’est ce que j’avais d’abord pensé. Mais comme mon père, qui est un excellent homme possédant une grande expérience, prétend que je m’aime plus que n’importe qui, je suis bien obligé de le croire. Du reste, comment savez-vous que vous aimez votre sœur plus que vous-même ?

— Je sens que je sacrifierais plus pour elle que pour moi.

En vous sacrifiant pour elle, vous ne feriez que satisfaire votre sentiment d’affection : c’est encore une sorte d’égoïsme. Dans ce cas et dans d’autres l’égoïsme est une vertu.