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Pendant le déjeuner, elle fut extraordinairement gaie, tandis que George était exceptionnellement silencieux. Mamie elle-même avait jusqu’à un certain point retrouvé sa vivacité, bien qu’elle fût très honteuse d’avoir fait une semblable exposition de ses sentiments la veille au soir. Elle donna une explication boiteuse, disant qu’elle avait senti tout à coup des frissons et était montée dans sa chambre pour chercher un vêtement plus chaud, mais en voyant qu’il était si tard, elle n’avait pas pensé que ce fût la peine de redescendre. Elle changea alors de sujet aussi vite qu’elle le put, admirablement secondée par sa mère dans ses efforts pour soutenir la conversation. Le visage de George ne trahit rien. Il était impossible de dire s’il ajoutait foi à son histoire ou non.

« Je suppose que vous allez travailler maintenant, dit Mme Trimm en se levant de table.

— Je n’en suis pas bien sûr, répondit George en la regardant fixement une seconde. En tout cas, je vais faire un tour de jardin avant. Viens-tu, Mamie ? » demanda-t-il en se tournant vers sa cousine.

Pendant quelques minutes, ils s’éloignèrent de la maison en silence. George était embarrassé et ne savait pas encore ce qu’il dirait. Ils se trouvèrent bientôt dans un endroit ombragé par de vieux arbres hors de vue de la maison. George s’arrêta subitement et Mamie, s’arrêtant aussi, le regarda avec un peu de surprise.

« Mamie, dit-il de sa voix la plus douce, m’aimes-tu ?

— Plus que tout au monde, » répondit la jeune fille.

Ses lèvres pâlirent lentement et une expression de stupéfaction parut dans ses yeux.