Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ge du monde, il avait compromis la jeune fille. Totty était bien bonne d’user de tant de diplomatie. L’honnête Sherry lui aurait demandé ses intentions en deux mots et aurait exigé une réponse en un seul : mode de procéder qui eût été beaucoup moins agréable.

« Vous lui devez bien quelque chose, George, reprit Totty après une longue pause. Elle vous a sauvé la vie. Il ne faut pas lui fendre le cœur… ce serait un triste remerciement.

— Dieu m’en préserve ! répondit George. Qu’est-ce que le cousin Sherry en dira

— Oh, George ! comment pouvez-vous le demander ? Vous savez comme il vous aime ; il sera aussi heureux que moi, si…

— Il n’y aura pas de « si, » interrompit George. J’interrogerai Mamie demain. »

Il avait pris son parti, détestant les incertitudes. Il sentait qu’il était à la veille d’éprouver une sorte de passion pour Mamie, tandis que Constance représentait quelque chose qui ne devait jamais se réaliser et qu’en tout cas il ne pourrait accepter sans des craintes et des doutes. Pouvant aimer sa cousine et lui être fidèle, puisque ses parents croyaient que le bonheur de sa vie dépendait de lui, il ne tromperait les espérances de personne ; et s’il s’apercevait qu’il avait fait un sacrifice, lui seul en souffrirait.

Totty retint un moment sa respiration, après qu’il eut fait sa déclaration, dans la crainte de laisser échapper une exclamation de joie involontaire, trop grande pour la circonstance. Puis elle se leva, s’approcha de lui, et, posant ses deux mains sur ses épaules, elle effleura son front basané de ses lèvres roses.

« Que Dieu vous bénisse, mon cher fils ! » dit--