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George la suivit, tout étonné de cette demande dont le résultat devait raviver la douleur de cette malheureuse femme. Ils sortirent de la maison et prirent la direction de la pointe boisée ; pendant le trajet, ils n’échangèrent pas un mot. lui moins de dix minutes ils furent arrivés. Grâce resta quelques instants sans parler, son visage portant son immuable expression de souffrance.

« À présent, racontez-moi tout. Dites-moi tout. N’ayez pas peur… je suis très forte. »

George rassembla ses pensées, puis il commença le récit de l’accident, le faisant aussi court que possible, sans pourtant rien omettre de ce qui était important.

Quand il eut fini, il regarda Grâce. Elle était, s’il est possible, plus pâle qu’auparavant, mais elle n’avait pas changé de position et tenait les yeux fixés sur l’eau. Plusieurs secondes s’écoulèrent et George commença à craindre qu’elle ne fût tombée dans une espèce de crise cataleptique. Il attendit encore un peu, puis lui adressa la parole.

« Madame Bond ! »

Elle ne répondit pas.

« Êtes-vous malade ? »

Elle tourna lentement la tête vers lui.

« Non ; je ne suis pas malade. Rentrons, » dit-elle.

Ils retournèrent à la maison aussi silencieusement qu’ils étaient venus. Le pas de Grâce était assuré et son visage n’avait pas changé. Quand ils furent arrivés à la porte, elle s’arrêta et lui tendit la main, désirant évidemment qu’il la quittât.

« Vous êtes brave, lui dit-elle, et vous avez été très bon aujourd’hui. J’espère que vous viendrez me voir quelquefois. »