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sait un dernier effort convulsif. Mais il était trop tard. La voile et la corde détendue de l’écoute s’étaient, on ne sait comment, enroulées autour de lui. Il saisit le bras avec lequel George essayait de lui venir en aide et le serra comme l’aurait fait un étau d’acier. George lutta alors pour sa propre vie, essayant de se dégager de l’étreinte mortelle qui le retenait, mais en vain. L’effort pour retenir sa respiration ne pouvait aller plus loin… il ouvrit la bouche. Un délicieux sommeil plein de rêves sembla s’appesantir sur lui et il perdit connaissance.

Mamie avait mis sa mère et Grâce à terre, malgré leurs cris et leurs supplications, et elle cherchait à calmer tout le monde. Elle savait George excellent nageur et ne craignait rien pour lui. Il allait reparaître dans quelques secondes et ramènerait probablement John Bond. Les quatre femmes, serrées les unes contre les autres, fatiguaient leurs yeux à regarder le fleuve. Les violents efforts des deux hommes agitèrent la légère quille du cutter pendant quelques instants, puis tout redevint tranquille.

Les lèvres entr’ouvertes, les joues pâles, Constance avait les yeux fixés sur l’eau, appuyée contre l’arbre le plus près du bord. Grâce serait tombée à terre si Madame Trimm ne l’eut entouré de ses bras. Mamie demeurait immobile et pâle, s’attendant à chaque instant à voir la tête brune de George reparaître à la surface, convaincue qu’il ne pouvait pas se noyer.

En ce moment, un troisième bateau, conduit par quatre vigoureuses paires de bras, passa près de la pointe boisée avec une vitesse prodigieuse.

« Sautez sur la quille, cria une voix forte. Nous sommes quatre et nous pouvons le relever. Ils