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son ancrage, » répondit John, qui tenait le gouvernail d’une main et bordait l’écoute de l’autre.

En ramant vers la terre, George pouvait voir ce qui se passait sur la rivière, mais les trois dames regardaient toutes dans la direction opposée. Le petit cutter tourna d’abord lentement, puis dans ce moment un souffle de bourrasque passa sur l’eau. George put voir que John essayait de lâcher la voile, mais la corde était serrée et la voile resta bordée. Le bateau avait peu de lest et il se trouvait allégé encore du poids des dames. George pâlit lorsqu’il vit le cutter couché sur le côté. Il cessa de ramer. Le petit vaisseau avait chaviré et flottait la quille en l’air. John Bond avait disparu.

« Votre mari sait-il nager ? » demanda-t-il vivement à Grâce.

Elle tressaillit violemment en voyant l’expression de ses traits, se retourna, aperçut la quille du canot à voile et poussa un cri.

« Sauvez-le !… Sauvez-le !… s’écria-t-elle au désespoir.

— Prends les avirons. Mamie ! » cria George en sautant par-dessus bord.

George, avait calculé qu’il atteindrait l’endroit où l’accident était arrivé beaucoup plus tôt en nageant que dans le canot, qui était long et aurait exigé un peu de temps pour virer de bord. C’était un nageur de premier ordre et il se fiait à sa vigueur pour surmonter le désavantage qui résultait de son habillement. En quelques secondes il atteignit le cutter. John Bond n’avait pas reparu. Sans hésiter il respira longuement et plongea sous le bateau. Le malheureux était empêtré dans les cordages et luttait en désespéré pour se dégager. George l’étreignit. au moment où il fai-