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tié, comme elle disait ? Sinon, pourquoi son visage était-il changé ? Et il n’arrivait pas à comprendre que la séparation pût être pénible là où il n’y avait pas d’amour. Néanmoins, sa colère étant, alors passée, il était attristé qu’elle eût souffert.

“Je suis heureuse que vous m’ayez aimée, dit-elle enfin.

— Et moi, j’en suis désolé !

— Ne dites pas cela. Si vous ne m’aviez pas aimée… plus que je ne le savais… vous n’auriez pas écrit, vous ne seriez pas ce que vous êtes. Ne pouvez-vous quelquefois envisager les choses à ce point de vue ?

— Quel avantage y a t-il à gagner le monde entier, si l’on perd le bonheur ? dit George avec amertume.

— Vous n’avez pas perdu le bonheur, répondit Constance. Vous n’avez pas le droit de désespérer. Un jour, vous trouverez une femme qui vous aimera, comme vous le méritez…

— Et que je n’aimerai pas, moi !

— Que vous aimerez comme vous m’avez aimée jadis. Vous serez heureux, alors. J’espère même que cela arrivera bientôt.

— Vraiment ? demanda George en se tournant vivement vers elle.

— Dans votre intérêt, je l’espère de tout mon cœur.

— Et vous ?

— J’espère que j’aurai beaucoup d’affection pour elle, dit Constance avec un rire forcé et en évitant de le regarder.

— Je crains que non, » répondit George presque malgré lui.

Ces mots tombèrent de ses lèvres comme une réponse à son rire forcé qui révélait trop clairement ses vraies pensées.