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XVIII


George était assez mécontent de ce qui s’était passé pendant cette visite. Il avait espéré que Constance se contenterait d’échanger quelques mots banals avec lui, et au lieu de cela, par ses allusions directes au passé, elle s’était exposée à l’attaque de Mamie. Quoique celle-ci eût affecté un air de parfaite innocence, il n’y avait pas à douter que ses paroles eussent produit sur Constance une impression du reste visible, car, si elle avait fait de son mieux pour réprimer sa colère, elle n’avait pas réussi à la dissimuler complètement. Il était impossible de ne pas établir entre les jeunes filles une comparaison qui, en somme, au point de vue du sang-froid, était en faveur de Mamie.

« Tu as été un peu dure avec Mlle Fearing hier, dit George le lendemain après le déjeuner.

— Dure, moi ?… Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Mamie avec une surprise bien jouée.

— Mais… en insinuant que je devrais vous mettre toutes les deux dans le même livre. Oh ! je sais d’avance ce que tu vas dire. Tu n’avais aucune intention… tu n’avais pas réfléchi… tu n’aurais pas voulu pour tout au monde rien dire de désagréable. Néanmoins tu l’as fait et très calmement et tu as exactement produit ce que tu espérais… tu l’as blessée.

— Eh bien… qu’est-ce que cela te fait ? demanda Mamie avec une étonnante franchise.

— Tu lui as fait penser que je t’avais parlé d’elle.

— Et quel mal y a-t-il à cela ? Ne m’as-tu pas, du reste, un peu parlé d’elle il y a quelques jours ?… Et puis, monsieur George, quoi que tu