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En habile maîtresse de maison, Totty rompit vite la glace et la conversation générale s’engagea. George se trouvait entre Constance et Grâce.

« Il y a longtemps que vous êtes ici ? demanda Constance en se tournant vers lui.

— Depuis le 1er juin, » répondit George tranquillement.

Puis il retomba dans le silence, ne sachant que dire. 11 n’était pas aussi calme qu’il paraissait l’être et la soudaineté de cette visite avait légèrement troublé ses idées.

« Je vous croyais encore à New-York, dit Constance. Ne traverserez-vous pas la rivière pour venir nous voir ?

— Oh si ! répliqua George sans enthousiasme. Restez-vous là tout l’été ?

— Certainement… Ma sœur et John… M.  Bond… y resteront aussi. Et peut-on vous demander si vous écrirez quelque chose en ce moment ? Vous savez que nous attendons tous votre nouveau livre avec impatience.

— Oui, dit-il en détournant un peu la tête, j’écris une vieille histoire, une histoire d’amour. Sur quoi peut-on écrire d’ailleurs ? L’amour n’est-il pas le seul sujet avant un éternel intérêt pour le public ?  »

Il acheva sa phrase par un rire sec désagréable à entendre.

“Vraiment ? demanda Constance avec un remarquable sang-froid. J’aurais cru qu’il y avait bien d’autres sujets plus intéressants et plus faciles à traiter.

— Plus faciles, oui, et même plus intéressants pour les écrivains ; néanmoins la grande majorité du genre humain aime et trouve plaisir à lire les amours des autres. »