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« Mais ces gens-là viennent ici ! Qui est ce, George ?… pouvez-vous voir ? »

George fixa les yeux sur le débarcadère au bout du jardin et vit aborder un canot à voile. Quelques secondes après, trois personnes gravissaient l’allée du jardin.

« Je crois que c’est Mlle Fearing, répondit lentement George, avec sa sœur et John Bond. »

Il fut le seul qui ne changea pas un peu de couleur. Le front de marbre de Mamie devint plus blanc encore, et le joli visage de Totty un peu plus rose. Elle était contrariée d’avoir été prise à l’improviste et fâchée que George fût là. Les yeux de Mamie brillèrent et ses lèvres se serrèrent sur ses fines dents. Mais George était imperturbable et il eût été impossible de deviner ce qu’il pensait. Il observa curieusement les trois arrivants tandis qu’ils approchaient et trouva que Constance était pâle et amaigrie.

« Que je suis contente que vous ayez traversé la rivière ? s’écria Totty avec le manque de sincérité le plus hospitalier. Il y a un siècle que nous ne vous avons vus. »

Mamie donna la main à Constance avec quelques mots polis, tout en fixant sur elle ses yeux bleus, avec une persistance singulière un peu gênante même.

« George lui a parlé de moi. je suppose, » pensa Mlle Fearing en se retournant pour donner une poignée de main à George.

Grâce le regarda tranquillement et lui serra la main avec cordialité. Son mari échangea d’énergiques poignées de main avec les uns et les autres, s’informa chaleureusement de la santé de chacun, puis regarda la rivière, se sentant un peu mal à son aise de savoir que tout le monde était gêné.