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— Moi… intelligente ?

Le visage de la jeune fille exprima son innocent étonnement du compliment.

« Oui. Il est difficile de vivre avec une personne plus charmante que toi. Comment as-tu pu savoir que je désirais être seul hier et que je désirais que tu vinsses avec moi aujourd’hui ? dit George en riant. Est-ce que je ne te demande pas de m’accompagner chaque fois absolument sur le même ton ? N’ai-je pas toujours l’air d’avoir envie que tu viennes ? Comment peux-tu constamment tomber juste ?  »

Mamie sentit qu’elle rougissait plus que dans ses moments d’embarras ordinaires. Sa rougeur, dans le cas présent, avait en effet deux raisons distinctes. D’abord, elle avait été enchantée du compliment qu’il venait de lui faire, et puis, immédiatement après, pendant qu’il lui expliquait ce qu’il avait voulu dire, elle avait senti la honte lui brûler le visage. La veille, comme ce jour-là, elle avait aveuglément suivi le conseil de sa mère, donné par un mouvement presque imperceptible de la tête et des yeux qui avait indiqué un refus dans le premier cas et un consentement dans le second. Elle gardait le silence sans trouver un mot pour répondre à la question de George.

« Comment expliquer cela ? » insista-t-il, étonné de son embarras et ralentissant le mouvement de ses rames.

Les yeux de Mamie se remplirent soudain de larmes brûlantes, et elle se couvrit le visage de ses petites mains.

« Eh bien, ma chère Mamie, qu’est-ce qu’il y a ? demanda George se reposant sur ses avirons et se penchant en avant.

— Oh ! George, dit-elle en sanglotant, si seulement tu savais ! »