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était absolument indigne de l’homme dont elle s’était jouée. Mais l’assurance formelle de George qu’aucun engagement n’avait jamais existé avait chassé les nuages de son ciel, bien que la conduite ultérieure du jeune homme eût pu réveiller ses soupçons. Cependant Totty avait pris grand soin de lui expliquer que ces bruits étaient assurément dénués de fondement et que le silence de George et ses airs sombres provenaient d’un excès de travail. Elle espérait, disait-elle, l’engager à venir passer l’été avec elle et à prendre un long repos.


XV


Mon cher George, dit Totty un soir vers la fin de mai, l’idée de partir et de vous laisser ici, par la chaleur, m’est bien pénible !

— C’est bien pénible, en effet, répondit George d’un air pensif en se retournant sur son fauteuil pour regarder sa cousine.

— Vous allez certainement tomber malade ici et il n’y aura personne pour vous soigner. Et pourtant… Vous voyez quelle mine a Mamie ! Je ne puis pas en conscience retarder plus longtemps son départ.

— Bonté du Ciel, Totty ne le retardez pas ! Vous ne voulez pas dire, j’espère, que vous avez attendu jusqu’ici à cause de moi ? »

Totty Trimm hésita, n’ayant pas prévu cette question. George avec son caractère n’aurait peut-être pas été flatté d’apprendre que depuis un mois il tenait en suspens la maison de Sherrington Trimm.

« N’importe ? » demanda-t-elle tout à coup en levant les yeux et lui souriant affectueusement.