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en le plaçant dans un milieu agréable que par des conversations.

George, quand il n’était encore que le parent pauvre de Mme Sherrington Trimm, avait déjà, durant les rares dîners auxquels il était invité, apprécié le luxe de la maison de Totty ; le moelleux des tapis, l’élasticité des fauteuils, l’harmonie de tous les détails lui avaient semblé délicieux, et, quoiqu’on ne s’occupât pas beaucoup de lui, sa cousine avait toujours été bonne et aimable. Mais il avait vu beaucoup de choses depuis deux ans et il n’était plus aussi facile à satisfaire qu’autrefois, alors que son unique habit de soirée était en réparation à l’état chronique. Il avait mangé des mets recherchés dans de la vieille porcelaine de Saxe, bu des meilleurs champagnes dans le cristal le plus pur, frayé avec des millionnaires et soupé avec des épicuriens délicats. Il avait vu tous les mondes et approché tous les luxes, toutes les splendeurs, toutes les élégances irréprochables. Néanmoins, après avoir dîné et passé la soirée chez Totty une demi-douzaine de fois en quinze jours, il était prêt à convenir qu’il n’était jamais allé dans une maison aussi parfaite sous tous les rapports. Totty et son mari étaient incontestablement riches, mais pas plus que des centaines de gens de leurs connaissances. Ce n’était pas l’argent seul qui produisait ces résultats, mais une sorte de principe artistique de jouissance qui arrivait à lui procurer une satisfaction infinie.

À la fin de la première semaine, il appréciait plus complètement tout ce qu’il mangeait, buvait, sentait, voyait dans la maison de sa cousine, et ce qu’il entendait n’était pas aussi ennuyeux pour son esprit qu’il l’avait supposé. Totty était beaucoup trop intelligente pour le flatter ouvertement ;