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Constance lui jeta un timide regard, puis elle poussa un soupir comme si elle était soulagée d’un fardeau.

« Je suis très contente que vous me l’appreniez, répondit-elle.

— Me croyez-vous ? demanda-t-il.

— Je vous ai toujours cru et je vous croirai toujours. Mais si vous aviez dit à quelqu’un ce que tout le monde répète, je ne vous en blâmerais pas. C’eût été presque vrai.

— Je ne dis pas des choses qui ne sont que presque vraies, » affirma George très froidement.

Le visage de Constance, qui avait repris un peu de ses couleurs naturelles pendant qu’elle lui parlait, redevint très pâle, sa lèvre trembla, et ses yeux se remplirent de larmes.

« Me traiterez-vous toujours ainsi ? » demanda-t-elle avec difficulté, un sanglot l’étouffant.

Si en ce moment une parole affectueuse fût sortie de la bouche de George, son existence et celle de Constance eussent été bien différentes. Mais la blessure qu’il avait reçue était encore trop fraîche et les pleurs qu’il sentait lui faisaient peur ; il fortifia son cœur.

« Je suis persuadé, répondit-il d’un ton glacial, que nous resterons toujours dans les meilleurs termes.

Un long silence suivit pendant lequel il fut évident que Constance luttait pour conserver une certaine apparence de calme. Dès qu’elle se fut un peu remise de son émotion, elle se leva et le quitta sans ajouter un mot. C’était la seule chose qui lui restât à faire. Elle ne pouvait se laisser aller à éclater devant tout le monde, et elle n’aurait pu rester où elle était sans fondre en larmes. Elle s’était humiliée, prête à offrir toutes les expia-