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c’est-à-dire la veille du jour où Constance avait donné à George son refus définitif, et le dîner devait avoir lieu trois ou quatre jours après. Or les jeunes mariés, qui avaient acheté une petite propriété sur les bords de l'Hudson où ils désiraient se rendre le plus tôt possible, profitèrent de ces trois ou quatre jours pour aller aménager leur maison de campagne. Ils ne revinrent en ville que le matin de leur dîner, ignorant par conséquent le cancan qui avait couru pendant leur absence. Très tard dans l’après-midi, le mari en rentrant très ennuyé de son club, dit à sa femme que Constance Fearing avait rompu avec George Wood et qu’ils étaient dans des termes à ne plus se parler. Il n’était plus temps de changer leur invitation. Le pire de tout était que, d’après le choix des convives, George Wood devait inévitablement être placé à côté de Constance ou de Grâce. Le jeune ménage, au désespoir, se décida, après bien des hésitations, à mettre George à côté de Grâce et à affecter une complète ignorance des bruits qui couraient. Au dernier moment, cependant, la jeune maîtresse de la maison pensa qu’elle pourrait améliorer les choses en disant un mot à George dès son arrivée. Mais Constance et sa sœur entrèrent avant lui.

« Je suis bien désolée, dit, vivement la maîtresse de la maison à l’oreille de l’aînée en la tirant un peu à l’écart : M.  Wood va venir. Nous étions absents et n’avons rien su de tout cela. J’espère que…

— Je suis très heureuse qu’il vienne, » répondit Constance.

Elle était très pale, et très calme.

« Oh ! mon Dieu ! s’écria la maîtresse de la maison en devenant très rouge. J’espère n’avoir rien dit…