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cousin ce que celui-ci en pensait lui même, était prête à croire que si on ne lui venait en aide, il pourrait véritablement être réduit à un travail manuel pour vivre. Néanmoins, sans avoir la moindre confiance dans le mérite de George, elle sentait qu’elle devait s’occuper de lui. Il y avait une bonne raison pour justifier cette bienveillante disposition : son frère unique n’avait-il pas été l’auteur principal de la ruine qui avait surpris Jonah Wood quand George n’était encore qu’un enfant, et elle-même n’en avait-elle pas partagé les bénéfices avec son frère ? Il est vrai que les détails de l’affaire n’avaient jamais été bien connus ; mais Mme Trimm avait un peu plus de conscience que la majorité de son courage. Si elle aimait l’argent et s’il lui en fallait beaucoup, c’était qu’elle désirait vivre comme les autres, et non qu’elle fût avare. Néanmoins, elle tenait à garder ce qu’elle avait, quoiqu’une partie en eût été mal acquise et eût dû appartenir à George. Si elle souhaitait que son frère, Thomas Craik, conservât jusqu’à sa mort toute sa fortune et la fit son héritière, elle désirait également que George reçut une compensation pour la perte subie par son père. Et le moyen le plus simple et le moins dispendieux de lui procurer l’argent qu’il n’avait pas, n’était-il pas de l’aider à faire un riche mariage ? Il ne pouvait épouser Mamie, sa fille unique, bien que cette jeune personne manifestât une inquiétante sympathie pour lui. Ce mariage n’aurait abouti qu’à une simple transmission de fortune sans addition ni multiplication, ce qui n’était pas dans les principes de la cousine Totty. Il y en avait du reste bien d’autres à épouser. Totty avait eu la chance de trouver deux jeunes orphelines qu’elle savait jolies et qu’on disait admirablement