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attendait d’elle, et elle citait des passages entiers de ses romans, l’embarrassant quelquefois par ses questions, mais le charmant malgré lui par la sincérité de ses appréciations. Enfin il se leva pour la quitter.

« Tu t’en vas déjà ? dit-elle d’un ton de regret. Pourquoi ne pas rester ? Nous ne sortons pas ce soir, tu aurais dîné avec nous. »

C’était bien plus que George ne désirait. Il ne tenait pas à se trouver une seconde fois avec Totty ce jour-là.

« Alors reviens bientôt, dit Mamie. Ta visite m’a fait tant de plaisir ; nous ne partirons pas à la campagne avant quinze jours d’ici.

— Mais tu n’auras peut-être pas un autre rhume, Mamie, observa George.

— Oh ! j’aurais toujours un rhume, si tu veux venir causer avec moi, » répondit la jeune fille.

En arrivant dans sa chambre, George s’assit dans sa vieille grande bergère et se demanda si tous les hommes déçus en amour éprouvaient ce qu’il éprouvait. Il essaya de fumer, puis y renonça avec dégoût. Il se leva et se mit à arranger des papiers entassés sur la table, mais ses doigts tremblaient étrangement et il se sentait alternativement brûlant et glacé. Il ouvrit un livre et voulut lire, mais l’effort pour concentrer son attention l’eût rendu fou. Il lui semblait qu’il allait suffoquer dans cette petite chambre qui avait, toujours été un havre de repos jusque-là, et pourtant il ne savait où aller. Il ouvrit la croisée, et l’air frais qui lui soufflait au visage le calma un peu. Il resta là longtemps accoudé. Les étoiles commençaient à briller au-dessus de sa tête lorsqu’il se retira.

Il passa la soirée avec son père, circonstance as-