Page:Crawford - Insaisissable amour, av1909.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« J’ai rêvé, continua Mamie, tenant toujours les roses, que j’étais fort en colère contre toi. Alors, j’ai pris tous les objets que tu m’as donnés, le livre d’images, la poupée cassée, la vieille raquette, la pendule… et je les ai jetés par la fenêtre. Naturellement tu passais juste à ce moment-là dans la rue et tu me les a rapportés dans une corbeille, bien arrangés dans du papier rose, et tu me les as offerts avec cet odieux sourire que tu as quand tu vas dire quelque chose de parfaitement désagréable.

— Et alors, qu’est-il arrivé ? demanda George, que cela amusait malgré lui.

— Oh ! rien. Je crois que je me suis réveillée à ce moment. J’en ai ri toute la matinée.

— Mais qu’est-ce qui t’avait mise si en colère contre moi ?

— Rien… c’est-à-dire… la manière dont tu te comportes toujours avec moi dans les soirées. Tu ne viens jamais me parler. »

George la regarda en silence pendant une seconde avant de reprendre la parole.

« Vraiment, tu tiens tant que cela à ce que je te parle au bal ! demanda-t-il.

— Mais bien entendu, j’y tiens ! s’écria la jeune fille. Quelle question !

— Je ne suis cependant pas bien amusant. Mais puisque cela te fait plaisir, dorénavant je causerai avec toi tant qu’il te plaira.

— C’est trop tard maintenant, répondit Mamie, posant les roses qu’elle avait tenues si longtemps. La saison est finie et tu n’auras plus d’occasions. »

Bientôt Mamie amena la conversation sur les livres de George et parla avec enthousiasme de son succès. Elle avait lu tout ce qu’il avait écrit, avec plus de soin et plus d’intelligence qu’il n’en