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sin que dans son enfance. Et dernièrment, lorsque la réputation croissante de George l’avait poussé dans le courant mondain, elle s’était aperçue pour la première fois qu’il se plaisait davantage dans la société d’une autre personne, un peu plus âgée qu’elle, que dans la sienne. Sa jalousie assoupie s’était alors éveillée. Il lui semblait qu’elle avait un droit de priorité sur les attentions de son cousin et elle n’aimait pas voir contester ce droit, surtout par quelqu’un d’aussi capable de défendre sa conquête que l’était Constance Fearing. Dans son innocence, elle s’était plus d’une fois plainte à sa mère que George la négligeât, mais jusqu’ici ses observations à ce sujet n’avaient trouvé aucune sympathie chez Mme Sherrington Trimm. Totty, tout en pensant qu’il était de son devoir de faire quelque chose pour George, n’aurait jamais permis qu’un homme sans le sou, fût-il homme de génie, épousât sa fille unique ; elle encourageait ses visites, mais elle prenait soin qu’il rencontrât Mamie aussi rarement que possible chez elle. Quant à Sherrington Trimm, il n’avait aucune idée préconçue. George pouvait aller et venir dans sa maison, il y serait le bienvenu, et, si Mamie l’aimait, elle était libre de l’épouser.

Mamie avait été très bien élevée, dans le sens où ce terme élastique est généralement employé, n aïs il serait plus exact de dire qu’elle avait reçu une éducation très coûteuse. Elle parlait assez couramment le français, possédait une vague connaissance de l’allemand, et savait une vingtaine de mots italiens. Après sept années d’études musicales, elle pouvait faire danser ou accompagner passablement une romance, dont le mouvement n’était pas trop vif. Dans un autre ordre d’idées elle