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George la connaissait depuis qu’elle était au monde, et entre eux il existait cette sorte d’intimité qui n’est possible que si elle a commencé dès l’enfance. La supériorité protectrice de l’écolier a été satisfaite de l’admiration cramponnante de la petite fille ; la vanité encore en bouton du jeune étudiant a pris plaisir à « expliquer les choses » à la délicate enfant de quatorze ans, qui croit à toutes ses paroles et accepte toutes ses idées ; en ses efforts, en son travail opiniâtre, en ses luttes, le débutant a trouvé du soulagement dans l’amitié dévouée et incessante de la jeune femme qu’il considère toujours comme une enfant et qu’il traite en sœur, sans se rendre compte que la différence de sept années est autre chose que dans leur enfance, maintenant qu’ils ont vingt-six et dix-neuf ans.

Une amitié de ce genre ne se rompt pas facilement malgré les interruptions que la diversité des existences peut amener dans les relations. Un effet, Constance Fearing avait pris, et au delà, la place de Mamie Trimm dans la vie de George. Celle-ci, tout en voyant encore son cousin de temps en temps, avait senti qu’il n’était plus pour elle ce qu’il avait été,… que quelque chose qu’elle ne comprenait pas était venu se mettre entre eux. C’était précisément à ce moment qu’elle avait fait sa première apparition dans le monde, où elle s’était comportée avec tact et avait été accueillie avec enthousiasme. Après avoir dansé dans tous les bals, elle avait reçu plusieurs demandes de mariage, qu’elle avait systématiquement refusées, et était, en somme, dans toute la primeur de la carrière mondaine d’une jeune fille américaine. Après deux années de succès ininterrompus, elle était encore aussi innocemment attaché à son cou-