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En tous cas, Totty était résolue à employer toute sa diplomatie pour amener la conclusion du mariage qu’elle rêvait maintenant pour sa fille. Pendant qu’elle faisait ces réflexions, George remontait l’Avenue à grands pas. Chose bizarre, l’idée d’aller voir Mamie, que lui avait insinuée Totty, lui paraissait plutôt agréable. ll ne se souciait pas de rester dans les rues, dans la crainte que d’autres personnes de sa connaissance ne s’aperçussent de son visage bouleversé. S’il rentrait chez lui, son père remarquerait sa mine et pourrait deviner la cause de son chagrin, car le vieillard n’ignorait pas que son fils était amoureux de Constance. Mamie serait seule ; elle ne savait rien de ses affaires ; c’était une bonne petite fille et il avait de l’affection pour elle. Elle parlerait la plus grande partie du temps et cela lui permettrait de respirer et de se remettre de la secousse qu’il avait reçue.

Quand il entra dans le salon, Mamie Trimm était assise dans une grande bergère, au milieu des fleurs près d’une fenêtre ensoleillée : elle tenait un livre à la main.

« Oh ! George ! s’écria-t-elle en rougissant de plaisir. Que je suis contente ; je suis toute seule.

— Et que lis-tu là toute seule au milieu des roses ? » demanda George avec intérêt.

Elle lui tendit le livre. C’était le dernier roman qu’il venait de publier.

Mamie Trimm était une de ces jeunes filles dont une description très minutieuse n’arrive pas à donner une impression exacte. Un signalement de passeport aurait indiqué qu’elle était un peu petite, qu’elle avait des cheveux très blonds, des yeux gris, un nez petit, une grande bouche, le teint clair. Tout cela n’aurait rien dit, car ce qui la distinguait particulièrement, était un charme indéfinissable de toute sa personne.