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Au coin encombré de la Quatorzième Rue, il s’arrêta sur le bord du trottoir, hésitant un moment sur lë chemin qu’il prendrait pour rentrer chez lui.

Justement alors, une voix familière se fit entendre derrière lui.

« Mon Dieu, George ! s’écria Totty Trimm. Quel air vous avez ? Que vous est-il arrivé ?

— Comment vous portez-vous, cousine Totty ? Je ne comprends pas. Ma figure a-t-elle donc quelque chose d’extraordinaire ?

— Je voudrais que vous puissiez vous voir dans une glace ! s’écria la petite dame, évidemment de plus en plus surprise de son expression. Vous êtes blanc comme un linge. D’où sortez-vous ?

— Moi ? Oh ! je n’ai fait qu’une visite chez les Fearing. C’est un peu de fatigue, sans doute.

— Chez les Fearing ? répéta Totty avec un aimable sourire. Comme c’est drôle ! j’y allais justement… Vous n’y revenez pas avec moi ?

— Merci, répondit George, parlant très vite et devenant, s’il était possible, plus pâle encore. Ce serait peut-être un peu trop. D’ailleurs, j’ai un tas de choses à faire.

— Bon… alors entrez donc voir Mamie en passant. Elle est toute seule… avec un affreux rhume, la pauvre enfant ! Elle sera enchantée de vous offrir une tasse de thé. Cela vous remettra. Vous avez une pauvre mine. Adieu, cher ami. »

Totty lui serra chaleureusement la main, lui jeta un bon et affectueux regard, et continua sa route d’un pas léger. George se demanda si elle avait deviné quelque chose.

« J’aurais dû mentir, se dit-il en traversant l’Avenue, et lui dire que je sortais du club. »

Totty Trimm n’avait pas seulement deviné quel-