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sans être contagieuse, devait offrir des dangers et nécessairement produire un certain malaise dans une société bien organisée.

Le cousin George ne comprenait pas encore très bien cette manière de voir, mais commençait à soupçonner que « Totty et ses amis, » ainsi qu’il désignait généralement la société, devaient agir d’après quelque principe semblable. Il n’avait que vingt-cinq ans et ne pouvait guère connaître les dessous d’une vie qu’il n’avait entrevue que de loin ; mais il différait de « Totty et de ses amis » par son intelligence et son imagination, par ses aspirations, ses ambitions et ses rêves, aussi par sa pauvreté et par sa naissance, fils d’un père ruiné, sans trace de parenté avec aucun îles gentilshommes qui avaient signé la Déclaration d’indépendance, combattu pendant la Révolution, ou aidé à rédiger la Constitution des États-Unis, George, il est vrai, possédait ces précieux ancêtres du côté de sa mère, et sous une forme encore présente grâce à la situation de Totty : mais celle-ci commençait à craindre que, si elle lançait son cousin dans le monde, le fardeau de son mérite ne fût peut-être trop lourd à porter pour elle. Sa perspicacité était assez vive et elle avait tout de suite vu la fatale différence qui existait entre George et les autres. Il avait une habitude de faire des questions et de dire des choses sérieuses qui serait intolérable à un dîner de cérémonie. Il était trop fort pour être négligé, et pas encore assez important pour qu’on en fît parade.

Le mari de Totty, avocat distingué, invitait de temps en temps George à dîner à son club et avouait généralement, en rentrant chez lui, qu’il ne comprenait pas ce garçon-là ; mais comme M. Trimm était naturellement curieux, il fut poussé à