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« Excellent, répéta-t-il avec conviction. Un peu aride, peut-être, mais vraiment excellent.

— Savez-vous si cela a eu du succès.

— Oui, je le sais, mademoiselle Fearing, répondit M. Popples avec un sourire à double entente. Je le sais très bien. Il m’est revenu aux oreilles que le livre n’a pas couvert les frais d’impression.

— L’auteur n’a-t-il pas même touché dix pour cent du prix marqué ? » demanda Constance. M. Popples la regarda un moment, se demandant évidemment où elle avait ramassé cette phrase. Il la soupçonna immédiatement d’avoir commis quelque méfait littéraire en un volume.

« Non, mademoiselle Fearing. J’ai su par hasard que M. Johnson n’avait pas touché dix pour cent sur le prix marqué ; il ne lui a même rien rapporté du tout, excepté une quantité d’articles très flatteurs. Mais, excusez-moi, mademoiselle Fearing, si vous songiez à vous risquer à publier quelque chose… »

Sa voix s’abaissa à une intonation confidentielle.

« Moi ? s’écria Constance.

— Mon Dieu, mademoiselle Fearing, cela pourrait se faire très discrètement. Rien qu’un petit volume de jolis vers ? Est-ce cela, mademoiselle Fearing ? Je crois que cela ferait du bruit dans la société, et s’il vous plaisait de vous adresser à moi, je connais un éditeur…

— Mais, monsieur Popples, interrompit Constance se remettant assez vite de l'amusement qu’elle éprouvait pour interrompre le cours des offres engageantes du libraire, je n’ai jamais rien écrit de ma vie. Je vous demandais cela par pure curiosité. »

M. Popples sourit doucement, sans la moindre apparence de désappointement.