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ment… ce dénoûment qui avait tant surpris l’auteur lui-même dans son inexpérience de ses propres moyens. La voix de celui-ci tremblait en lisant la dernière page sans penser à être honteux de se montrer si ému sur les créations de son imagination. Il était comme dans un rêve, sentant la petite main de Constance serrée étroitement dans la sienne tandis qu’il lisait, puis, quand sa voix s’arrêta, il sentit sa tête tomber sur son épaule. Il ne pouvait apercevoir son visage, mais, en regardant les jolies boucles blondes qui le lui cachaient, il vit une larme de cristal rouler sur la manche de son habit et étinceler au soleil de mai. « Vous avez laissé tomber un diamant, » dit-il à demi-voix.

Elle leva les yeux vers lui avec un doux sourire. Son visage était très près de celui du jeune homme, et quoique celui-ci se rapprochât encore, elle n’éloigna pas le sien. George oublia les bonnes et les enfants qui étaient dans le lointain, et ses lèvres touchèrent la joue de la jeune fille, non pas timidement ni brusquement non plus, bien qu’il sentît que son sang était en feu. Elle se recula alors vivement et retira sa main de la sienne.

« C’est très mal de ma part, dit-elle. Je ne vous aimerai peut-être jamais assez pour cela.

—M’aimez-vous plus maintenant… m’aimez-vous seulement un peu plus ? demanda George très tendrement.

— Je ne sais pas. Je suis très sotte. Votre livre m’a émue… C’est vraiment beau, la dernière partie surtout.

— Je suis bien aise que ce roman vous plaise autant. Il a été écrit pour vous amuser et il y est arrivé. Le voilà. Emportez-le, si vous en avez envie. »