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més, dans le Parc. Il y avait quelques passages très remarquables vers la fin du livre, et comme beaucoup des meilleurs discours étaient mis dans la bouche du héros et adressés à la dame de ses pensées, George trouvait très naturel de les lire à Constance, en donnant à sa voix une intonation très tendre. La jeune fille semblait comprendre l’intention évidente de lui faire la cour, elle l’appréciait, apparemment, car son visage changeait souvent de couleur et il y avait parfois dans ses yeux avec un peu d’humidité un éclat que ne produit pas le simple intérêt d’un roman ordinaire. George écrivait mieux qu’il ne parlait, comme la plupart des hommes nés écrivains. Il y avait de l’harmonie dans ses phrases, mais de l’harmonie naturelle, et non pas le rythme d’une prose étudiée. C’était là ce qui frappait le plus l’attention de la jeune fille pendant qu’elle buvait les mots qu’elle savait être à son adresse et qu’elle trouvait plus beaux que tout ce qu’elle avait entendu jusque-là.

Quoiqu’elle eût exprimé son admiration très franchement et très énergiquement, elle commençait pourtant à douter de son aptitude à juger l’œuvre. Si le talent de George était réellement aussi grand qu’il lui semblait alors, comment était-il resté si longtemps caché ? Plus il avait lu, plus elle avait été étonnée de sa connaissance des hommes et des choses, de sa facilité, de sa souplesse, de la puissance qu’il déployait dans les parties les plus dramatiques de son livre et elle restait certaine que le livre serait lu et goûté par les gens de son milieu. Ce qu’en diraient ou penseraient les critiques, c’était une autre affaire.

Elle s’était préparée à quelque chose de bien pour la fin, mais elle n’avait pas prévu le dénoû-