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insignifiantes en songeant au Comte de Gand, à M. Collignon du Perthuis, à l’ancien Évêque de Viviers, et au Vicomte de la Roche-Aymon, surtout. Comment pourrait-on supposer, disais-je à nos amis, que le gouvernement puisse être de bonne foi dans cette accusation, quand on le voit donner dans un système de précautions pareilles !

M. de Limoëlan voulut absolument sortir de chez moi pour aller se concerter avec M. de Closrivière, qui était un de ses oncles, et il fut arrêté. M. Saint-Régent l’avait été chez Mme de Gouyon de Beaufort qui fut conduite en prison comme aussi toute sa famille. Mlle de Cicé fut arrêtée sans qu’on pût avoir le temps de négocier pour elle auprès du citoyen Pâques. On ne douta pas que je ne dusse être inquiétée par la police, mais nos amis eurent la bonté d’agir en conséquence, et je pense que l’abbé Desmarets, mon ancien chapelain, ne fut pas insensible à leurs sollicitations[1].

Cependant, comme le ministre de la police avait besoin de trouver des coupables, et comme il nous était impossible de préserver tous nos amis, le malheur voulut que ce fût précisément du côté de cette bonne Mlle de Cicé que vint tomber l’inculpation du gouvernement sur le 3 nivôse, avec son tonneau, sa charrette et tous ses artifices. Dans l’embarras

  1. On peut dire aujourd’hui sans inconvénient, qu’à l’insu de Mme de Créquy, ses congréganistes avaient la précaution d’employer un moyen qui ne manquait jamais à son effet dans les bureaux de Fouché, lorsqu’on pouvait s’y rendre à temps, c’est-à-dire avant l’envoi du dossier chez le magistrat qui devait dresser l’acte d’accusation. (Note de l’Éditeur).