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de son exécution. Vous verrez tout cela dans cette bonne histoire de la Vendée que je vous prophétise ; mais je vais vous parler d’un événement que Buonaparte et son gouvernement ont fait défigurer de telle façon que les historiens les plus équitables auront beaucoup de peine à ne pas s’y laisser tromper.

Il y a plus de vingt ans que je me trouve en relation de bonnes œuvres avec Mademoiselle de Cicé, laquelle est sœur aînée de l’Archevêque de Bordeaux et de l’Évêque d’Auxerre. Avec la pureté d’un ange du ciel elle est d’une charité sans égale et d’une humilité miraculeuse. Il est superflu d’ajouter que c’est une personne de la plus haute sagesse et la plus parfaite raison[1]. Nous nous réunissons tous les lundis pour nous concerter avec les Duchesses de Fleury, de Béthune et de Sully sur les bonnes-œuvres de la semaine, et c’est Mlle de Cicé qui est la trésorière de notre congrégation. Mlle Favereau, de l’hôtel de Fleury, se trouve chargée de la distribution de nos petites aumônes à domicile (et c’est encore une affaire de sept mille francs par mois), mais nous nous sommes réservé les souffrances causées par la révolution, les calamités supérieures, on pourrait dire ; ainsi les prêtres condamnés à la déportation, les émigrés sans papiers et tous les autres proscrits sont les objets de notre sollicitude immédiate.

Mlle de Cicé fit conduire chez moi, pendant la

  1. Adélaïde-Émilie Champion de Cicé, Mère temporelle des Rèv. Pères Capucins de Paris, et Sœur du tiers-ordre de Saint-François, morte en 1809, âgé de 76 ans. (Note de l’Éditeur.)