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Mme de Valentinois n’était pourtant pas assez folle pour consentir à ce que cette princesse de Micomicon fût la fille légitime de sa mère, qui du reste n’avait jamais épousé le Prince de Conty, ce qui n’était pas difficile à démontrer ; aussi dirigea-t-elle une poursuite en supposition d’état, contre la prétendue Comtesse de Montcairzin, qui n’en gagna pas moins son procès avec dépens.

Buonaparte a fini par faire déposséder cette aventurière ; l’abbé Desmarets l’a fait chasser de Paris, et j’imagine qu’elle est retournée dans le Jura, chez son procureur ou je ne suis pas fâchée qu’on lui fasse avaler des couleuvres. Écoutez le récit d’une autre imposture à l’avenant de celle-ci.

La Marquise de Douhault, née de Lusignan-Champignelles, était une sainte et modeste personne ; estimée, considérée, vénérée de tous ceux qui la connaissaient, et de moi particulièrement, parce que nous avions été long-temps en association de bonnes-œuvres. Elle était morte à la suite d’une maladie de poitrine, en Orléanais, dans une de ses terres, et ses deux frères avaient partagé son bien, parce qu’elle n’avait pas laissé d’enfans. Le Marquis, ainsi que le Commandeur de Champignelles, autre frère de la défunte, étaient réputés les plus honnêtes gens du monde, et chacun savait que l’aîné de cette famille avait eu la délicatesse de partager avec son frère et Mme de Douhault, sa sœur, un legs de quarante mille écus, dont il avait été avantagé par le testament de la Comtesse de Rogres, leur grand’mère. Enfin MM. de Champignelles étaient non-seulement des gens honnêtes, et désin-