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appareil formidable ; avec une ostentation si perfide, hélas ! La Convention n’était pas tranquille au sujet de la population de Paris que les chefs de l’association royaliste incitaient à se porter au Temple ; aussi le conventionnel Brival avait-il osé dire à la tribune qu’après avoir commis tant de crimes inutiles, on aurait bien pu en ajouter un autre qui fût susceptible de délivrer l’assemblé d’une grande inquiétude… Le docteur Dussaut qui soignait le jeune Roi depuis quinze mois et qui du reste ne pouvait obtenir pour lui, ni médicamens, ni linge, avait fini par dénoncer l’administration du Temple à la Convention, mais il était mort subitement le 1er juin, et son adjoint, le docteur Choppart, mourut quatre jours après lui précisément de la même manière. Malheureux enfant royal, précieuse et lamentable victime !


Chaque jour dans son sein verse un poison rongeur.
Quelles mains ont rempli cette coupe funeste ?
Le monde apprit sa fin, la tombe sait le reste.


On commençait à parler d’un espoir de libération pour Madame Royale en disant que l’Autriche avait promis d’en faire un sujet de négociation ; mais depuis qu’on avait renouvelé le conseil de la commune, nous n’avions plus aucun moyen d’obtenir directement des nouvelles de cette chère Princesse, et c’était un motif de grande affliction pour nous. Le seul document qu’on ait pu nous procurer pendant plus de six mois, fut la copie d’une lettre écrite à la Convention par une madame Chanterenne à qui l’on avait donné commission de lui