Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec son mari protestant, mais je ne l’espère pas.

Mme d’Aiguillon s’est remariée avec un M. Girardin, l’un des élèves de Jean-Jacques, et c’est ainsi que la belle conduite et les bons exemples de son mari leur ont profité. Mme de la Galissonière épousa (pour divorcer de nouveau, six mois après) le chef des chouans M. de Puysaye qui était un vilain traître, et la Vicomtesse de Laval ne s’est pas remariée, jusqu’à présent.

Pendant que je pense à cette Mme de la Galissonière qui était la principale héritière de Mme de Pompadour, et née Poisson de Malvoisin (découvrez-vous donc en vous inclinant), il faut que je vous en rapporte une histoire qui sera la première et la dernière.

Elle avait eu pour ami passionné (car elle était morte), un malotru qui s’appelait M. Dejenaive. Toujours soucieux et ténébreux, toujours crotté, toujours muni d’un gros bâton rustique, et toujours accompagné d’un caniche affamé qui n’était pas moins sale que lui. — On n’avait jamais pu deviner, disait de Coislin (qui le recevait) de quelle couleur était le linge du maître et le poil du chien.

Il apprend la mort de cette pauvre femme, et le voici qui force les portes jusqu’à la chambre à coucher, ou le premier objet qu’il avise est le corps de la défunte, étendu sur une grande table et dans un état affreux, car les médecins venaient de l’ouvrir. — Il se précipite sur le cœur de Mme de la Galissonière qu’il arrache, qu’il entortille dans son