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avait obtenu l’approbation la plus générale, et dont on avait eu le bonheur de se procurer la recette par l’entremise du citoyen Céphyse Rotisset, jeune artiste de la plus belle espérance ; lequel avait dirigé ses investigations du côté d’une femme éminemment instruite, la plus ancienne et la plus intime amie du savant et célèbre auteur d’Anacharsis ! Le Journal de Paris ajouta que ce devait être la Duchesse de Choiseul, et je vous assure que je n’ai pas réclamé contre cette injuste supposition.

Figurez-vous que toutes ces Grecques de la rue Vivienne et la rue Thiroux n’étaient vetues que d’une chemise de percale et d’une petite robe de mousseline sans manche, avec toute la gorge et les épaules au grand air. Cette robe à l’antique et sans ampleur, était serrée sur la taille immédiatement au-dessous de la poitrine, avec un galon de laine rouge ; et dans leurs cheveux qui étaient coupés à deux ou trois pouces autour de la tête ; on voyait toujours deux ou trois cercles de galons de laine assortis pour la couleur avec celui de la ceinture, mais plus étroits. Les jambes étaient toutes nues, les pieds chaussés d’un cothurne avec des zig-zags à jour et en galon rouge, et ceci montait jusqu’à mi-jambe. Point de gants, et quant à des poches, il n’y fallait pas songer avec un pareil vêtement, qui n’était composé que d’une mousseline collée sur les flancs. On y suppléait tant bien que mal au moyen d’un réticule ; car enfin ce n’est pas le tout que de s’habiller à l’antique, il faut pouvoir se moucher. On appelait cette mode de se faire écourter les cheveux à la victime ; elle avait dû son origine aux jeunes captives