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nement, dont ils retenaient quelquefois les appointements pendant plus de six mois. Quand on les destituait avant qu’ils ne fussent payés, on ne leur donnait rien ; c’était la règle.

Si vous voulez avoir, une idée de Paris en 1796, représentez-vous une grande ville, une ville de huit cent mille habitans, où tout le monde est devenu fou, à l’exceptiont pourtant d’une bonne dame qui se moque de tout le reste, et de quatre à cinq personnes qui sont assurément remplies de sagesse et d’esprit, car elles disent toujours : « Mme la Marquise a bien raison ! » C’est un refrain qui revient un peu trop souvent, peut-être ? Mais on n’a pas le courage de se fâcher contre les personnes qui rabâchent de cette manière là.


La population de notre vieux Paris était divisée en quatre portions tout-à-fait disparates pour le costume. Les jacobins opiniâtres et les hommes de la plus basse classe, étaient restés en véritables sans-culottes, c’est-à-dire avec un bonnet rouge et des sabots, une veste ronde appelée carmagnole, en étoffe grossière, ou bien une sorte de houpelande sans couture, et tout d’une venue conséquemment, laquelle était en gros tissu de beige brune velue, et presque toujours de la couleur de la brebis. Les femelles de ces hommes-là paraissaient bien autrement horribles qu’avvant la révolution, parce qu’elles étaient beaucoup plus sales et plus misérables.

C’est à cette époque-là qu’elles ont pris l’habitude, non pas de se coiffer, mais de s’entortiller la tête avec un mouchoir de cotonnade : car, avant la révolution toutes ces femmes du peuple, à partir