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En exécution des promesses du gouvernement anglais et des préparatifs qu’il avait fait ostensiblement pendant cinq mois, une escadre de trois vaisseaux de ligne et de six frégates avait débarqué sur la, plage de Karnac (en Basse-Bretagne) un corps d’émigrés, auxquels on avait donné pour chef un gentilhomme picard appelé M. d’Hervilly. Assisté par une colonne de chouans qui sont les Vendéens de la Bretagne, ce corps d’émigrés s’empara de la petite ville d’Auray, dès le lendemain de son débarquement, et malheureusement pour eux et pour nous ces honnêtes Bretons étaient commandés par un prétendu royaliste, appelé M. de. Puisaye.

Les royalistes furent ensuite {corr|attaquer|attaqués}} par un détachement de républicains qui se trouvaient postés au fort de Saint-Barbe, au débouché de la presqu’île de Quiberon ; mais ils furent repoussés jusqu’au fort de Penthièvre, et M. d’Hervilly, leur commandant, y fut mortellement blessé. Il paraît que, pour se réserver tout l’honneur de l’action il avait fait retarder le débarquement de la deuxième division des émigrés, dont le Vicomte de Sombreuil avait le commandement. Ce débarquement ne put s’effectuer que le jour suivant, mais ce fut avec un grand

    Son fils en avait à peine 23 lorsqu’il fut fait prisonnier à Quiberon. Il demanda seulement (pour les émigrés qui l’accompagnaient) la vie sauve avec la permission de se rembarquer. Conduit à Vannes et condamné à être fusillé, il obtint, sur sa parole d’honneur, trois jours de répit pour aller régler ses comptes avec les chefs de l’escadre anglaise. Il revint, malgré les supplications de l’amiral Wabren, et subit son supplice avec une fermeté digne de son nom. (Note de l’Auteur).