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« La principale force des brigands est dans le fanatisme que leurs chefs leur inspirent. Il faut les arrêter et dissoudre ainsi d’un seul coup cette association monarchique, qui nous perdra, si nous ne nous hâtons pas de la prévenir.

« Mais il ne faut pas perdre de vue, cher collègue, que l’opinion nous devient chaque jour plus contraire et plus nécessaire que la force. Il faut supposer que les chefs insurgés ont voulu rompre le traité ; qu’ils ont voulu se faire princes des départemens qu’ils occupent ; que les chefs agissent d’intelligence avec les Anglais ; qu’ils veulent leur ouvrir la côte, piller la ville de Nantes et s’embarquer avec le fruit de leurs rapines. Il faut faire intercepter des courriers porteurs de semblables choses, crier à la perfidie, et mettre dans ce premier moment une grande apparence de modération, afin que le peuple voie clairement que la justice et la bonne foi sont de notre côté.

« Nous te le répétons, cher collègue, la Vendée détruira la Convention, si la Convention ne détruit pas la Vendée. Si tu peux avoir les onze chefs, le troupeau se dispersera. Concerte-foi sur le champ avec les administrateurs d’Ille-et-Vilaine. Communique la présente, dès la réception, aux quatre représentans de l’arrondissement.

« Il faudra profiter de l’étonnement et du découragement que doit produire l’absence des chefs pour désarmer leurs conjurés. Il faudra qu’ils se soumettent au régime de la république, ou qu’ils périssent ; point de milieu, point, de demi-mesures, elles gâtent tout en révolution.