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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

les vainqueurs de la Bastille, les dignes fils et héritiers du nom et des vertus républicaines du trop infortuné Crequy-Montmnrency, le vétéran, et qui seront immortalisés dans les annales de notre révolution.

« C’est dans ces sentimens et flatteuses espérances que je vous embrasse, ô mes chers fils avec toute la tendresse paternelle dont vous fûtes toujours si dignes ; vous conjurant de suivre mes conseils, de me donner promptement de vos chères nouvelles, et d’être vivement persuadé que cette dernière disgrâce qui m’est arrivée, va mettre le dernier fleuron à la couronne de gloire immortelle que mes malheurs passés et présens ont si justement mérites à votre infortuné et digne père,


Crequy-Montmorency, vétéran,

Et détenu dans les prisons de Sainte-Pélagie, à Paris, car voilà mon adresse actuelle.


« P.S. Les bons Soulagette, Foudras, la bonne citoyenne Mathon, ton bon frère Fouquet et son digne cousin le charcutier, viennent souvent me voir pour me consoler, disent-ils ; et surtout ces trois dernier, auxquels je coûte beaucoup d’argent, des larmes, des soupirs et des gémissemens dans mon affreuse prison, quoique je fais tout ce que je puis pour leur dire et pour les convaincre qu’un bon vétéran républicain trouve sa plus parfaite et sa plus pure consolation dans son innocence, son courage, sa patience et sa résignation en Dieu, son créateur, et l’exécution de la loi constitutionnelle.

Voilà les seules armes dont je me sers et dont je me servirai toute ma vie pour confondre mes ennemis et ceux de la république. Voilà ma profession de foi, citoyens républicains, et vous, représentans de la nation, jugez-moi donc, ou faites-moi juger de par la loi et vos décrets.


Cet imposteur a été supplicié par la guillotine, barrière du Trône, le 7 thermidor an deuxième de la république, 25 juillet 1794. (Note marginale du Marquis de Créquy.)