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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

notables cautionnaires des dettes sacrées que la section avoit contractées, puis enfin commissaire et président du comité établi pour la recette du contingent de la Vendée : les pièces justificatives dont je suis porteur prouveront que, jusqu’au 26 juillet dernier je me suis acquitté de tous mes devoirs, charges et fonctions en tout honneur et gloire ; ces pièces justificatives et authentiques prouveront aussi qu’à l’époque du 10 août 1792 et les mois suivans, mes fils et moi se signalèrent glorieusement avec tous les autres bons citoyens ; et que depuis cette époque, ils sont partis aux frontières avec armes et bagages, à mes propres dépens, et qu’ils s’y couvrent de gloire au service de la République, tandis que, malgré mon âge et mes infirmités, je n’ai cessé de remplir moi-même, en personne, ce glorieux devoir, tant comme volontaire dans la Garde nationale parisienne, que comme membre du bataillon des vétérans où j’ai l’honneur d’être reçu du 6 août dernier ; ces mêmes pièces justificatives et authentiques prouveront aussi que je n’ai jamais émigré, que je ne fus jamais un aventurier ni un escroqueur, comme le disent mes ennemis ; mais qu’au contraire je fus toute ma vie aventuré, escroqué et persécuté injustement ; elles prouveront aussi que j’ai abjuré et renoncé, entre les mains des législateurs, à tous titres, dignités, grades et prérogatives attachés ci-devant aux nobles et particulièrement à ma famille, que j’ai reniés et que je renierai toute ma vie par rapport à leurs crimes, tant à mon égard qu’envers la nation et la constitution, et que j’ai protesté entre les mains des législateurs, ne vouloir et n’ambitionner toute ma vie que le glorieux titre de bon citoyen et de bon républicain, et que, puisque j’en ai toujours rempli tous les devoirs sacrés jusqu’en ce jour, je ne puis ni ne dois sans injustice, être regardé et traité comme un ennemi de la république ou comme un homme suspect.

Par ces mêmes pièces justificatives et authentiques, je prouverai que depuis 1791, que j’ai été rendu libre, je n’ai cessé jusqu’à présent de payer exactement toutes mes contributions et mes dons patriotiques ; que j’ai visité, consolé, protégé et défendu de tout mon pouvoir les innocens affligés et persécutés ; que j’ai donné du pain à ceux qui avoient faim ; vêtu ceux qui étoient nus ; payé les dettes des insolvables ; payé les loyers de ceux qui étoient menacés d’être jetés hors de leur domicile faute de pouvoir payer leurs loyers ; enfin, j’ai fourni ma bonne part à toutes les collectes