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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

dès son avenèment au trône, quelques semaines après l’époqne ci-dessus, et d’intelligence avec Ladite cabale infernale, de supprimer toutes mes pensions, en me faisant défense, sous peine de la vie, de ne me jamais qualifier que marquis de Crequy, ni de ne jamais parler du mariage du roi mon père avec la princesse ma mère et, pour plus grande sûreté, il résolut, en 1782, de me faire enfermer et périr en la forteresse de Stettin, dans les États du roi de Prusse.

Mon intention est qu’un tiers de tous mes susdis biens sera pour payer une partie des dettes de l’État et de la nation ; un autre tiers, pour l’acquit des dettes de tout débiteur insolvable, détenu prisonnier pour dettes ; et que le reste de tous les susdits biens soit employé pour le soulagement des pauvres familles honteuses, et d’autres nécessiteux de cette capitale et de son arrondissement. Mes intentions et dernières volontés étant ainsi. Messieurs, dictées par mon bon cœur et de ma propre bonne volonté, en mon bon sens, et sans y être engagé par aucunes considérations, que l’amour du bien que j’ai voué a mes compatriotes ; je vous prie d’avoir la bonté de faire dresser vous-mêmes un acte formel de mesdites intentions et volontés, selon que votre sagesse et vos lumières le dicteront, afin que ledit acte de donation ait force de loi à perpetuité.

P. S. La donation de mes biens est très particulièrement destinée à procurer à la Société des jeunes françois, établie au Prieuré Saint-Martin-des-Champs, fondée par M. Léonard Bourdon, tout le développement dont cet établissement si précieux pour la régénération des mœurs et l’afermissement de la liberté et de l’égalité, est susceptible, et pour la fondation d’une caisse de bienfaisance dans chaque société patriotique, lorsque notre amour et notre zèle sincères pour le bien de la nation et de l’humanité souffrante et gémissante depuis tant de siècles, nous animeront assez, Messieurs, pour en fonder une dans chaque section de la capitale et de son arrondissement, en me réservant pourtant, sur le tout, une pension honnête.


Charles de Bourbon-Montmorency.